Amandine « Je me suis beaucoup cherchée, je me sens prête..

Amandine « Je me suis beaucoup cherchée, je me sens prête maintenant »

Yves Jaegle- Le Parisien

Elle fait se lever les quatre jurés à chaque fois qu'elle chante. D'un autre côté, c'est un peu comme s'ils applaudissaient leur propre jeunesse enfuie : Amandine, révélation de « Nouvelle Star », réveille les icônes des années 1970.
La Toulousaine, fan de Patti Smith ( le dernier concert auquel elle a assisté avant l'émission), écorchée à la Janis Joplin, reprend des standards de Joe Cocker ou de Bob Dylan, d'une voix à la sensualité rauque, blessée. Interprète idéale du juke-box favori de Manoeuvre, Manoukian et associés, la voici déjà leader d'une promotion très rock.

On l'aborde, vêtue de turquoise, blouse et bague fantaisie comprise, couleur psychédélique, à l'hôtel des candidats, avec la même pensée qu'André Manoukian, ébloui et interloqué lors du casting : « Juste une question : t'as 28 ans. Pourquoi t'es pas venue avant ? » La réponse est complexe : Amandine Bourgeois —le nom de sa mère— navigue à vue, et parfois dérive, entre certitudes lumineuses et angoisses vertigineuses. « Je chante juste depuis l'âge de 4 ans. Mais je n'arrivais pas à sortir ce que j'ai en moi. Je me laisse submerger par mes angoisses. Je me suis beaucoup cherchée. Je me sens prête maintenant. »

Avant, elle a été serveuse. « Je n'étais pas bien dans ma peau, très seule, avec beaucoup de moments de souffrance. En même temps, j'ai voyagé, ça m'a aidée à grandir. J'ai travaillé en Angleterre, aux Baléares, dans des établissements de luxe. Je me faisais un CV de serveuse s'apprêtant à passer chef de rang, maître d'hôtel, un jour manager...
En même temps, j'étais maladroite, je cassais beaucoup. Ils me trouvaient sympa mais en avaient marre. » Elle en rit.

A 22 ans, après avoir brisé beaucoup de verres et vu pas mal de pays, elle renonce à l'Afrique, où un boulot l'attend, et retourne vivre à Toulouse. Fille d'un guitariste, elle a grandi avec son beau-père, bassiste. Sa mère est infirmière : «Mais elle aime les musiciens ! », rit l'interprète de «With a Little Help From My Friends ».
Les repas de famille finissent par des chansons. Quand vient son tour, elle esquive : « Ta mère le fait bien. Vas-y ! », l'encourage-t-on. Comme les jurés de « Nouvelle Star », la famille, interdite, la découvre en réincarnation des divas pop cabossées par la vie.

Depuis quatre ans, la musique nourrit Amandine. Comme quelqu'un qui s'est imposé une trop longue grève de la voix —elle a arrêté de chanter pendant toute sa période serveuse —, elle s'alimente doucement, pose son timbre sur les petites scènes entre Albi, Gaillac et Toulouse, dans deux groupes. L'un pop-rock, de compositions originales, Tess, l'autre de reprises funk et soul, Zia. Celle qui veut rester un peu « gamine » se prend au jeu : « J'avais passé le casting de Popstars au tout début, mais j'ai eu tellement le trac que ma voix s'est mise à trembler. J'ai tenté la Star Ac 7, j'ai fini dans les soixante derniers. Je me sens plus à ma place dans Nouvelle Star. On est tous des artistes ici, on s'éclate. » L'un des dix candidats s'éclatera un peu moins en fin de soirée. Amandine ne semble pas songer à une élimination possible : « J'ai surmonté mon trac. Plus les semaines passent, plus on va se sentir chez soi à Baltard. »