Christophe Willem : “Je déteste le show-biz”
CLICANOO.COM | Publié le 21 mai 2008
Lunettes de soleil sur le nez, chemise à moitié ouverte sur le torse, jean, savates deux doigts… Christophe Willem n’a vraiment rien d’une star. Et pourtant, en un an, il a vendu pas moins d’un million d’albums. Celui qui côtoie les géants de la scène nationale et internationale est actuellement de passage sur nos côtes pour un unique concert à Saint-Denis. Rencontre.
Quand avez-vous commencé à chanter ? Quel a été le déclic ?
J’ai fait du piano de 7 ans et demi à 12 ans. Après, j’ai arrêté. Comme ma voisine était prof de chant, j’ai commencé à chanter à la place. Je suis le seul de la famille à être artiste. Mais ce n’était pas du tout ma vocation. Avant la Nouvelle Star, je donnais des cours de chant et j’étais étudiant en communication à la fac. Je me voyais plutôt continuer dans ces deux voies-là.
Connaissez-vous la Réunion et les départements d’outre-mer, de manière générale ?
Non, j’ai seulement découvert Tahiti et Nouméa pendant ma tournée, mais c’est tout. Je ne connais même pas l’île Maurice, et pourtant mes voisins sont M et me parlent souvent de leur île. J’aurais aimé visiter la Réunion mais je n’aurai que très peu de temps devant moi. Après la Réunion, je dois me rendre à l’île Maurice pour un second concert.
Vous vous êtes fait connaître grâce à la Nouvelle Star. Que pensez-vous des nouveaux candidats et du jury ?
Je n’ai vu que deux primes depuis le début de l’émission, mais du peu que j’ai pu voir, ça avait l’air pas mal. J’ai surtout apprécié la prestation d’Amandine, qui me semblait sortir un peu du lot. Les autres sont trop bobo branchouilles parisiennes, des enfants du rock blanc… Amandine, au moins, tente autre chose.
Pourriez-vous faire partie des membres du jury ?
(Rires) Non, car je serais bien trop dur et il n’y aurait plus beaucoup de candidats à la fin du jeu.
Que représente la tournée pour vous ?
C’est l’occasion de découvrir plein de paysages. C’est très agréable. Habituellement, les artistes se font un nom sur scène avant de se faire connaître à la télé. Pour moi, ça a été l’inverse. Plus qu’un autre, j’éprouve le besoin d’être en contact avec le public. Voyager dans les Dom est particulier, aussi. Je me tape rarement plus de dix heures de vol pour seulement quatre jours. En temps ordinaire, je serais resté quinze jours au moins.
Il y a peu, les Académyciens ont réuni plus de 4 000 personnes à la Réunion. Pensez-vous rassembler plus ou moins de fans ?
Même si je réunis 200 personnes en concert, je serais très content. Tout ce qui m’importe, c’est de savoir que les gens ont aimé mon concert, c’est tout. Pendant ma tournée, je chante aussi bien dans les petites que les grandes salles comme le Zénith qui peut accueillir 7000 personnes.
Combien d’albums avez-vous vendu jusqu’ici ?
Je ne sais pas… (son agent intervient et annonce un million d’albums vendus) Ah, vous voyez, j’étais resté au-dessus de 500 000.
Comment sera le prochain opus ?
Actuellement, je réunis les équipes qui doivent travailler avec moi. Il y a de fortes chances pour qu’on retrouve Zazie à mes côtés. Le second album sera très différent du premier. Vous pourrez l’écouter dans un an, il sortira en avril 2009.
Êtes-vous resté en contact avec vos anciens camarades de la Nouvelle Star ?
Je les appelle parfois. Je revois encore Dominique, car nous avons la même maison de disques. Et je suis resté très ami avec Valérie. Elle est d’ailleurs venue habiter quelque temps avec moi à Paris.
Vos amis ne vous sollicitent-ils jamais pour avoir un coup de pouce dans le milieu artistique ?
Si, bien sûr, et j’essaie de les aider autant que possible, mais c’est très difficile. Tout serait plus simple si on avait la même maison de disques. Mais ce n’est pas le cas. Et ceux qui sont sans maison enregistrent des CD avec moi, mais ne les sortent jamais. J’ai essayé de lancer la carrière de Valérie. Je l’ai emmenée avec moi à la radio, sur les plateaux-télé… Sans succès.
Beaucoup d’artistes se lancent dans des œuvres humanitaires. Est-ce aussi votre cas ?
Non, pour la simple et bonne raison que je refuse d’associer mon nom à une cause que je ne peux pas défendre par manque de temps. Quand mon agenda sera moins chargé, je m’investirai volontiers et sérieusement. Pour l’instant, je ne peux me consacrer qu’à des associations où le chant est sollicité comme chez les Enfoirés.
Qui sont vos artistes préférés, vos influences ?
À part Zazie, je ne suis pas très fan d’artistes français. Autrement, mes goûts sont très variés. J’aime Massive attack, Björk, Jamiroquaï ou encore Madonna. J’ai assisté au concert de Madonna à Paris. Certains l’ont accusée d’avoir chanté en play-back. Je me suis dit, vu le nombre de fausses notes, ça ne pouvait pas être en play-back… Mais bon, c’était énorme ! Malgré les fausses notes…
Vous êtes réputé pour être un garçon très simple…
Oui, je déteste le show-biz, même si j’évolue dans ce milieu. On ne me verra jamais en photos à la fin des magazines, champagne à la main. Je vais très rarement en boîte de nuit.
Vous, si simple, si commun, comment vous sentez-vous face à des stars internationales comme Madonna ?
J’ai eu la chance d’aller dans les loges de Madonna et je peux vous dire que tout ce qu’on raconte sur les plus grandes stars n’est qu’un mythe. Quand on a les moyens d’avoir le meilleur son et la meilleure lumière, pourquoi s’en priver ? Mais à côté de ça, les artistes sont plus simples qu’on ne l’imagine. Madonna est venue répéter en jogging, pas en Gucci. J’ai eu l’occasion de croiser Kylie Minogue dans les loges d’un plateau-télé et je peux vous assurer qu’elle est très simple. La célébrité donne l’impression d’être inaccessible. Mais j’ai rencontré des gens moins connus que Madonna, qui se la pétaient quatre fois plus. En général, plus on est célèbre et moins on éprouve le besoin de le montrer.
S’il vous restait un dernier rêve à concrétiser, ce serait lequel ?
Auparavant, je donnais des cours de chant dans un atelier. Depuis que je suis artiste, je n’ai plus de temps pour ça et ça me frustre un peu. J’aimerais bien pouvoir redonner des cours plus tard. Et pourquoi pas, produire un jeune talent. Après tout, on peut prendre autant de plaisir à produire un chanteur dans l’ombre qu’à être exposé dans la lumière
Propos recueillis par Nathalie Techer Photo Frédéric Laï-Yu