Nouvelle Star : et si on jugeait les juges ?

Nouvelle Star : et si on jugeait les juges ?
Photo : BEIImages

Si mardi c'est raviolis, mercredi c'est Nouvelle Star. Et on n'a pas fini d'en bâfrer, puisqu'il reste encore deux mois avant que le verdict – implacable, le verdict du public – ne tombe. Comme on a encore un peu de temps, et comme les dix impétrants d'hier soir n'ont franchement pas cassé trois pattes à un canard, on va se permettre un sacrilège : juger les juges. Après tout, on s'appelle Critic@, donc, on ose tout. En avant pour le casse-pipe !

Manoukian : 06/20

Le consensuel mou. Le loukoum de la cuistrerie, jamais avare d'une citation d'un philosophe d'avant-garde, style Derrida ou Baudrillard, qu'il a apprise par cœur avant de prendre son taxi. Son immense culture américaine lui permet de citer chaque semaine Roy Orbison, ce qui est un peu court. Hier on a eu aussi droit à Dostoïevski et à Oscar Wilde, fallait le faire. Il cherche son style, entre intello germanopratin et vulgarisateur vulgaire. Et nous, on subit.

Sinclair : 14/20

Et que je t'adresse des œillades, et que j'y vais de mon charme ; m'étonne pas qu'elle ait craqué, la petite de Caunes. Toujours coiffé avec un pétard, la barbichette à la Charlélie Couture en pointe, il est le pro dans le navire. Comme il est de l'autre côté de la barrière, en tant que chanteur, on ne la lui fait pas. Sobre, juste, il est la révélation de cette année.

Manœuvre : 12/20

Il joue les monsieur Champagne du rock, qui sait tout sur tout, une encyclopédie sur pattes. Mais pour entendre le pire du pire – et parfois le meilleur – du rock mondial, il a du goût et surtout une oreille. Il en fait des tonnes, est trop sûr de lui, voire carrément insupportable derrière ses lunettes noires, mais sur le fond, il ne s'est pas encore trompé. - critica.fr

Lio : 05/20

Pendant les éliminatoires, elle a joué les dames patronnesses à s'apitoyer sur les candidats, y allant de sa larme et de son mouchoir. Savoir qu'elle était invitée à donner son avis nous avait glacés d'effroi. Petite chanteuse sans voix et sans plus de succès, en quoi était-elle compétente pour juger quiconque ? Eh bien on n'a pas été déçus : cucuteries, platitudes, lamentations, on a droit à toute la panoplie. Une consolation : au moins, elle ne chante plus.

Sinon, si vous avez raté l'émission un peu loupée de ce soir, résumons. Jules a ouvert le bal sur "Syracuse" de Salvador. Un petit massacre nasillard : flip-flap, devait faire Henry tout là-haut. Siân a produit un I will Survive bien plat, bien dancing des Flots bleus. A propos de survivant, Kristov reprend Christophe sur Les mots bleus ; enfin, c'est du copié-collé et ça ne vole pas haut, même s'il montre davantage d'émotion en français qu'en anglais. Ycare fonce sur du Björk, éminemment casse-gueule et prouve une fois de plus qu'il est un showman, même s'il est un peu flippant. Lucille est partie à l'abattoir sur La vie en rose et elle s'est bien sûr fracassée en vol. Thomas, ah Thomas ! Décevant, le chouchou de la rédac, trop en force et trop statique. Peut mieux faire, il l'a prouvé. Benjamin reprend Bashung : heureusement que l'orchestre est derrière ! Le marin Cédric embarque sur Sinatra et croone, pardon, coule ; c'est du niveau cabaret. Julien reprend mièvrement Murray Head ; heureusement pour finir, Amandine a tout embarqué sur un Ne me quitte pas plein d'émotion. C'est elle, la future gagnante. Oups ! On oubliait : Julien a été sorti du jeu et rendu enfin à son anonymat.

Au total, une petite soirée, qui a manqué d'âme et d'envolée. Pas de quoi regretter la Star Ac, largement inférieure, mais il faut se réveiller, ça tourne à la routine et on s'est surpris à zapper sur le foot ! Enfin, la semaine prochaine, Cindy Sander sera là : ça ne va pas relever le niveau !
Par Pierre Arandel - critica.fr