Les inévitables babillages de Jenifer
On le sait : les meilleures intentions ne font pas les plus belles chansons. Et Jenifer, qui entamait hier soir sa tournée, ne fait pas toujours dans la subtilité. Pour compenser la surenchère sonore, elle se croit obligée de chanter en puissance. Or, c’est dans la nuance que, de loin, on la préfère.
À côté de gros ratages (Portrait d’une femme heureuse, Ma lune, Quitte à se quitter), émergent quelques réussites sobres et efficaces (Donne-moi le temps, Nos futurs). Parce que ce sont les morceaux les moins gadgets, les moins « tape-à-l’oreille », qui s’avèrent les plus convaincants. Les mélodies, qui revendiquent des influences diverses, s’annulent au final. Du ska arabisant (Le parfum) à un funk poussif (Touche-moi) en passant par une réorchestration groove d’un classique (Au Soleil), rien ne sort vraiment du lot. La plupart de ces titres manquent de souffle et sont alourdis par des textes souvent laborieux. Bien que portés par la guitare de Sébastien Chouard, ses tubes Ma révolution et J’attends l’amour ne dépassent pas non plus le cadre de l’anecdotique. Voire de la grosse guimauve collant aux dents.
Les lumières riches et éclatantes tentent de mettre Jenifer en valeur. Mais celle-ci se dandine comme une midinette, quitte à parfois titiller la vulgarité. Un peu plus spontanée, sa présence scénique gagnerait sans aucun doute en élégance. Dans la salle, un certain Pascal Obispo multipliant les allées et venues en régie sonore attirait regards curieux et cris hystériques. L’ensemble donne un concert gentiment rythmé, naïf et fourre-tout. On reste tout juste dubitatif. Ou simplement indifférent.
Nord Eclair Samedi 08 mars 2008